L’ORDRE DU TEMPLE

Après la prise de Jérusalem le 15 Juillet 1099 et l’installation des Francs en Terre Sainte, les pèlerins se mirent à affluer vers le tombeau du Christ. Mais, les routes menant à Jérusalem depuis les ports de débarquement restaient toutefois fort dangereuses. En 1118, neufs chevaliers croisés, ayant à leur tête Hugues de Payns, fondèrent l’ " Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ " : ils firent alors vœu de défendre les pèlerins et de protéger les chemins menant en Terre Sainte. Ces hommes, en prenant un engagement d’un genre nouveau – ils se considéraient comme des moines, mais également comme des guerriers – créèrent ainsi le premier ordre religieux et militaire. Cet ordre prendrait ensuite, en 1119, le nom de " Milice du Temple " ; lorsque Baudoin II, en sa qualité de roi de Jérusalem, lui assignerait une demeure dans le voisinage d’un couvent de chanoines régulier, sur l’emplacement du Temple de Salomon.

. Comme les Hospitaliers, les Templiers prêtaient les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Si l’ordre fut dans un premier temps régis par la règle de Saint Basile ; c’est au cours du concile de Troyes, en 1128 (ou 1129), que la règle du Temple, d’inspiration cistercienne, fut proposée par Bernard de Clairvaux (Saint Bernard) et adoptée. Vers 1130, parut le " De Laude Novae Militiae " de Bernard de Claivaux, ouvrage dans lequel il opposait la chevalerie séculière et la chevalerie céleste des Templiers.

. Les chevaliers Templiers revêtaient une cotte d’arme blanche frappée d’une croix rouge. Les territoires où s’exerçait les activités du Temple étaient divisés en " provinces ". En 1294, on en comptait 22 (5 en France, 4 en Espagne, 3 en Italie, 2 en Allemagne, 1 en Angleterre, 1 en Hongrie, 6 en Orient).

. De 1118 à 1127, pendant 9 ans, les Templiers s’organisent et recrutent des écuyers ainsi que des sergents d’armes ; mais bizarrement, eux qui se voulaient protecteurs des pèlerins, ne participent à aucune bataille. Leur seule occupation pendant cette période fut de rénover les écuries souterraines du Temple. En effet, en 1220, Baudoin II leur avait donné l’ensemble du palais du Temple.

. En 1127, Baudoin II envoie Hugues de Payns et certains de ses compagnons en Europe ; cette même année, le pape Honorius II les reçoit et accorde son agrément officiel à l’ordre.

. En 1139, paraît la Bulle d’Innocent II, " Omne Datum Optimum ", source de tous les privilèges de l’ordre. Le but de celle-ci est de doter le Temple de chapelains pour le service religieux et par là, de l’affranchir des juridictions épiscopales. L’ordre est alors soumis directement à l’autorité du pape, laissant ainsi au maître et à son chapitre une liberté presque totale. En outre, les Templiers se voient donnés le privilège de percevoir les dîmes.

. En 1146, le Pape Eugène III leur donne comme insigne, la tunique blanche ornée à l’épaule de la croix pattée rouge comportant quatre branches égales. A partir de ce moment, l’ordre ne cesse de grandir et bientôt, il possède des commanderies dans toute l’Europe aussi bien qu’en Palestine. L’ordre affrète sa propre flotte basée à La Rochelle (c’est de là que partaient les navires à destination du Levant, et, c’est aussi dans ce port qu’arrivaient les navires en provenance d’Angleterre et de Bretagne). A cette époque, en plus de leur participation à la défense du royaume franc de Terre Sainte, les Templiers organisent le commerce avec l’Europe et gèrent les finances des croisés. L’ordre s’enrichit donc rapidement ; il posséda nombreux domaines et forteresses, servit de banque aux pèlerins, et plus tard, aux rois. Il acheta même Chypre à Richard Cœur de Lion (1191), mais la population s’étant révoltée, la revendit aussitôt à Gui de Lusignan.

. A la chute du royaume franc de Terre Sainte, les Templiers se replièrent sur leurs commanderies d’Europe. Le maître de l’ordre établit la " maison chevêtaine " au Temple de Paris (où le roi de France dépose alors le trésor royal, dont il confie la gestion aux Templiers).

. En butte à de nombreuses hostilités (notamment parce qu’il ne relevait que du pape), l’ordre fut persécuté à partir de 1307 par Nogaret et Philippe le Bel. En 1310, le roi Philippe IV le Bel, désireux d’unifier tous les ordres de chevalerie pour aller à la croisade, et de se libérer de la puissance financière de l’ordre ainsi que de s’en attribuer les biens, fait arrêter les Templier de son royaume sous l’accusation s’apostasie, d’outrage à la personne du Christ, de rites obscènes et d’idolâtrie. Ceux qui " avouent " sous la torture sont condamnés à l’emprisonnement, les relaps (qui sont revenus sur leurs aveux) sont livrés au bras séculier et voués au bûcher.

. Le Concile de Vienne de 1311-1312 examine l’affaire des Templiers, mais la majorité des cardinaux conclut que rien ne démontre la culpabilité de l’ordre et qu’il faut à nouveau entendre ses représentants.

. Cependant, en 1312, le pape Clément V supprime l’ordre, malgré l’avis des pères du concile de Vienne, et en attribue les biens aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (après que le roi de France, sous prétexte de dettes, en eu tiré le plus d’argent possible). Le 22e grand maître Jacques de Molay est exécuté en 1314, brûlé vif à Paris, ainsi que Geoffroy de Charnay (précepteur de Normandie) et 37 autres chevaliers : ils clament jusqu’au bout leur innocence, ainsi que celle de l’ordre.

. En Allemagne, les Templiers furent acquittés et intégrèrent d’autres ordres. Nombreux dans la péninsule ibérique, les Templiers y sont aussi reconnus innocents. En 1318, Denis Ier de Portugal, pour défendre son royaume de l’invasion sarrasine, les regroupe, avec ceux échappés de France, dans l’Ordre des Chevaliers du Christ (voir Ordre du Christ de Portugal). En Espagne, les Templiers se réfugièrent dans l’Ordre de Calatrava, et, un nouvel ordre fut créé, celui de Montesa (voir Ordre de Montesa).

. Tout à été dit sur les Templiers, y compris le pire. Depuis la mort du roi de France et du pape, consécutives à celle de Jacques de Molay, le mythe n’a fait que croître, surtout à partir du XVIIIe siècle au moment de la constitution de confréries comme les Francs-maçons. On parle aussi de malédiction et de trésors dissimulés. Encore aujourd’hui, nombreux sont ceux qui revendiquent l’héritage des Templiers.

 

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