L’Ordre Militaire de Saint-Jacques-de-l’Epée (Órden Militar de Sant’Iago del Espada) prit naissance, en Espagne, dans la province de León, vers l’année 1170. Des chanoines réguliers de l’Ordre de Saint Augustin bâtirent à cette époque plusieurs hôpitaux sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Galice, dans le but de secourir les nombreux pèlerins qui étaient continuellement attaqués par les Maures, alors maîtres d’une partie de l’Espagne.
. Peu de temps après, treize gentilshommes (" Los Caballeros de Cáceres ") se joignirent à ces religieux et s’engagèrent, se plaçant sous l’invocation de Saint-Jacques, à assurer les chemins et à rendre le passage facile aux chrétiens en combattant les " infidèles ". Immédiatement après, ces chevaliers s’unirent aux moines de Lerio et se soumirent à la règle de Saint Augustin. Ils jetèrent par là même les premiers fondements de l’Ordre de Saint-Jacques-de-l’Epée. L’ordre reçu son nom définitif en 1161, et fut successivement approuvé par un bref du pape Alexandre III, en 1175 – Benedictus Deus – , et confirmé par Innocent III, en 1200.
. Les chevaliers faisaient des vœux similaires à ceux des Hospitaliers où des Templiers, mais considérant le vœu de chasteté en tant que " chasteté conjugale ". Ils participèrent, en plus de leur rôle hospitalier, à l’évangélisation des territoires nouvellement conquis contre les Maures.
. Le premier maître de l’ordre, Pedro Fernández (1170-1184), sait d’emblée lui donner une envergure internationale en acquérant des biens au Portugal, en Castille, en Aragón, en France, en Italie et en Terre Sainte. L’Ordre de Saint-Jacques calque son organisation sur son implantation ; sous l’autorité d’un maître, des grands commandeurs dirigent les cinq régions ou " royaumes " de l’ordre : Portugal, León, Castille, Aragón et Gascogne.
. En 1174, l’offensive des Almohades force les chevaliers à abandonner la ville de Cáceres. Le roi de Castille, Alfonso VIII, donne alors aux chevaliers la cité d’Uclés, qui devient le siège de l’ordre.
. L’Ordre de Saint-Jacques apparu au Portugal dès 1172, jouant un rôle actif pour aider les premiers rois du Portugal dans la reconquête du pays face aux Maures. Si la partie portugaise n’était formellement qu’une commanderie soumise au grand maître en Castille, elle dépendait déjà politiquement des rois du Portugal qui lui firent don de vastes et nombreux domaines. L’autonomie de la branche portugaise fut reconnue par une constitution papale de Nicolas IV – Pastoralis Officii – en 1288, permettant aux chevaliers portugais de Saint-Jacques d’élire leur propre maître. Célestin V renouvela cette prérogative en 1294, mais, sous la pression castillane, il replaça finalement la grande commanderie du Portugal sous l’autorité du maître castillan d’Uclés.
. En 1314, le chapitre portugais de l’ordre élut son propre maître, Don Lourenço Eanes, avec le support du roi du Portugal, refusant ainsi obédience au grand maître à Uclés. Une longue dispute débuta alors, avec la Castille et le grand maître d’Uclés ; jusqu’au règlement de 1440 et 1452, avec la reconnaissance formelle et définitive de la branche portugaise de l’Ordre de Saint-Jacques, par les papes Eugène IV et Nicolas V (bulle " Ex Apostolice Sedis ").
. La branche espagnole de l’Ordre de Saint-Jacques fut administré par un grand maître jusqu’en 1493. A la mort de Don Alonso de Cardenas, quarantième grand maître de l’ordre cette année-là, le pape Alexandre VI incorpora, à perpétuité, sa grande maîtrise à la couronne d’Aragón, en faveur de Ferdinand V le Catholique. Depuis cette époque, les rois d’Espagne ont conservé les titre et dignité de grand maître et administrateur de l’ordre qui est ainsi placé sous la protection de la couronne.
. La branche portugaise de l’ordre fut sécularisée en 1789 par la reine Maria. Il est aujourd’hui conservé par la république comme ordre de mérite dans les domaines des sciences, de la littérature et des arts.