Les Samouraïs

 

La Caste des Guerriers

Aux alentours de l’an 900, le gouvernement central japonais se révèle incapable de faire régner l’ordre, et d’assurer la sécurité du pays. Parallèlement, les nobles ont une influence grandissante sur un empereur qui est mis à l’écart de la direction effective des affaires de l’état. Les riches propriétaires de province mettent alors en place, et entretiennent des armées personnelles, afin de défendre leur domaines. Les incessantes luttes pour le pouvoir politique et la possession de la terre font croître l’importance des hommes d’armes qui se sont de plus constitués en une caste puissante.

A partir du XIIe siècle, ces guerriers (bushi puis samurai) constituent la caste la plus élevée dans la pyramide sociale qui divise le Japon. Les samurai étaient directement soumis à la noblesse, et devaient une allégeance complète à leur seigneur (daimyô). Individuellement, ils obéissaient à un code de l’honneur, ou plutôt à une éthique : le bushido – voie du guerrier. Ce code était destiné à régler selon l’honneur le comportement du guerrier dans les batailles, de manière à garder une maîtrise intérieure. Il régissait les relations entre les membres d’un même groupe ou d’une même parenté, ainsi que leur subordination à un maître ou leur vie spirituelle. L’existence des samurai était réglée par un profond sens du dépouillement et des mœurs frugales. Au combat, ils devaient exercer la solidarité, l’honneur et la bravoure jusqu'à l’héroïsme. L’abnégation totale des samurai pouvait même les conduire à faire don de leur vie pour leur maître. En cas de déshonneur, le suicide rituel (seppuku) était de mise.
La rédaction écrite du Bushido apparut en 1670. Ce code éthique est l’œuvre de Yamanaga Soko. En 1716, un autre ouvrage, l’Hagakure, écrit par Yamanoto Tsunemoto, compléta le Bushido en codifiant tous les actes des samurai.

Les clans des grandes familles nobles ainsi que la caste des guerriers virent grandir leur influence à dater de 1156, alors que l’empereur Sutoku, affaibli et cloîtré, avait du se résoudre à demander leur protection. Les chefs de clans tentèrent alors de prendre le contrôle du gouvernement, mais leur rivalités les obligèrent à lutter pour l’hégémonie, et, le véritable pouvoir tomba entre les mains des guerriers. Ainsi les luttes restèrent-elles endémiques dans les provinces ou le pouvoir des guerriers devint progressivement un état de fait.

La bataille de Sarashino, en 1575, marqua la fin des affrontement sanglants entre clans rivaux. Les vainqueurs allaient s’arroger le titre de shogun (chefs militaires suprêmes), et prendre en charge, dès le début du XVIIe siècle, toutes les affaires du gouvernement, tandis que l’empereur conservait son rôle de représentation.

 

La " voie du sabre ", et la " voie de l’arc "

Dans la tradition du bushido, les samurai considéraient leurs armes de combat comme l’élément de transmission de leur esprit sur leurs actes. Ils s’attachèrent donc à les perfectionner, à les décorer, et à en définir les normes afin que leur beauté extérieure témoigne de la noblesse de leur utilisation.

Le sabre était pour le samurai un objet sacré, dont la lame, par sa pureté, symbolisait l’âme du guerrier. Une mystique religieuse fera que pendant des siècles, les sabres seront adorés comme de véritables Kami (divinités Shintô). Retirer d’un geste lent la lame du fourreau est en soit un langage silencieux. Seule la caste des samurai était autorisée à porter le sabre long (katana) et le sabre court (wakasashi). L’ensemble appelé daishô, évoquait les notions de dignité et de puissance propres à leur caste. Ces armes étaient constituées de plusieurs pièces finement ornées. Les fourreaux des sabres vont de la plus grande sobriété – en bois naturel – jusqu'à des laques d’or richement travaillées et décorées d ‘un blason (mon). La poignée (tsuka), la garde (tsuba), les cordons de soie sont aussi l’objet de l’habileté des artisans.

Il existait aussi une philosophie appropriée à l’utilisation de l’arc : le kyudo – voie de l’arc. Avant la prépondérance du sabre, l’arc (yumi), toujours utilisé à cheval, était le symbole de la valeur du bushi. En effet, au XIIIe siècle, les samurai s’inspirèrent de l’arc mongol, mais en augmentèrent les dimensions pour créer une arme originale. Construit en lames de bambou collées, il est asymétrique et haut d'environ deux mètres. Créé pour les cavaliers, la poignée de tir se trouve dans le premier tiers inférieur de l'arc, facilitant ainsi son utilisation. La corde est en soie, et le son de sa vibration permet de déterminer la qualité de l'arme (équilibre et solidité). Les flèches (ya) sont également en bambou. Elles sont longues d’environ un mètre, et ne comportent que deux simples plumes pour empennage. Leurs pointes peuvent prendre de nombreuses formes (pointues, fourchues, arc de cercle) et certaines sont munies d'un sifflet pour effrayer l'ennemi, durant son vol. Le maniement d’un arc si grand demandait un équilibre de tout le corps et une profonde concentration. La " voie de l’arc " est essentiellement un exercice spirituel, car il s’agit d’atteindre le point ou l’homme et la cible ne font plus qu’un.

 L’austérité des archers offrait toujours un grand constraste avec le faste des armures de guerre. Au cours des temps, celles-ci devinrent des armures de parade par-dessus lesquelles, les daimyô, membres des plus grandes familles, portaient une veste de drap et de brocart (jimbaori) marquée à leur blasons, ceux-ci étant regroupés en un véritable code héraldique.

 

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