Les Cathares

 

La doctrine cathare

 

Le catharisme tire son origine d’un mouvement apparu au Xe siècle en Bulgarie, et qui s’est ensuite largement répandu en Europe occidentale. C’était une religion chrétienne, qui tirait son fondement des évangiles (en particulier celui de Saint-Jean), mais, qui contestait le dogme et l’autorité de l’Eglise catholique.

La doctrine cathare consistait en un " dualisme radical " : au Dieu bon, régnant sur un monde spirituel de lumière et de bonté, s’oppose Satan et son monde matériel. Les cathares croyaient donc à deux Créations distinctes : la bonne Création, purement spirituelle, éternelle et invisible ; et, la mauvaise Création, celle du monde visible, temporel et corruptible. L’homme est à la croisée de ces deux Créations : sa part divine (son esprit et son âme), se trouve emprisonnée dans une enveloppe matérielle maléfique (son corps). Le salut, pour le cathare, consistait à se libérer du Mal, pour accéder en toute connaissance, au royaume du Bien. Les cathares ne craignaient donc pas la mort, puisque pour eux, l’Enfer était sur la Terre.

La dénomination de " cathare " a été créée en tant que dérision par leurs adversaires. Ce mot provient du grec katharos (pur)… Mais, si cette appellation n’a jamais été utilisée par les cathares eux-mêmes (qui se nommaient simplement " bons hommes " ou " bons chrétiens "), elle est aujourd’hui communément admise et employée. Quant au terme d’albigeois, il provient certainement d’une mission effectuée par Saint Bernard, en 1145, dans la région d’Albi.

 

L’Eglise cathare

Décrétée " hérétique ", la religion cathare fut partout persécutée ; elle réussit pourtant à s’implanter en Italie du Nord, et surtout dans le Languedoc, grâce à l’esprit d’ouverture des seigneurs locaux, ainsi que de la population. On peut faire remonter son installation officielle, au concile de St-Félix-Lauragais, en 1167. L’Eglise cathare s’organise ensuite en quatre grands diocèses : Albi, Toulouse, Carcassonne et Agen.

A côté de la masse des simples fidèles (ou " croyants "), se tenait un clergé composé de " parfaits " et de " parfaites " (eux-mêmes n’auraient pas utilisé ce mot, et se seraient appelés " bons hommes " ou " amis de Dieu ").

Les parfaits, même lorsqu’ils étaient d’origine noble, devaient vivre du travail de leurs mains, en exerçant divers métiers artisanaux. Ils se devaient d’être pauvres, humbles, charitables, de s’abstenir de tout rapport sexuel, et de ne pas jurer. Ils ne devaient pas manger de nourriture animale, sauf du poisson (proscription de viande, lait, beurre, fromage, œuf), et avaient l’obligation de jeûner. Par ailleurs, ils ne devaient pas tuer (même en cas de légitime défense). Les simples croyants, eux, pouvaient manger de la viande, avoir des enfants, et tuer pour se défendre ; mais, ils devaient se préparer à quitter la vie charnelle, en recevant le " consolament " au moment de mourir.

Le " consolament " (ou consolamentum) était l’unique sacrement cathare. Son rite variait selon qu’il s’agissait de l’ordination d’un parfait, ou de la bénédiction d’un croyant à l’article de la mort (qui seule pouvait ouvrir les portes du monde de lumière). Les sacres traditionnels de l’église catholiques (baptême et mariage), n’étaient pas reconnus, et donc pas pratiqués.

D’autres usages rassemblaient les fidèles : réunions de prières, confessions publiques, etc … Quand un croyant rencontrait un parfait, il devait le saluer en faisant trois génuflexions et en lui demandant sa bénédiction : c’est le " melhorament " (amélioration).

 

La répression et la croisade contre les albigeois

En 1204, le pape Innocent III demande au comte de Toulouse, Raimond VI, de renoncer à protéger les " hérétiques ",
mais en vain.

En 1208, le meurtre du légat Pierre de Castelnau, déclenche la " 1ère croisade contre les albigeois " ; dont le but est d’exterminer le catharisme, et d’annexer, au profit des croisés, les terres des seigneurs occitans qui tolèrent les cathares. Dès 1209, les croisés mettent à sac Béziers, et massacrent la population locale. La cité de Carcassonne est prise dès la même année ; Simon de Montfort est alors nommé chef militaire de la croisade. Celui ci prend ensuite le Quercy, l’Agenais et le Comminges (1212), puis se dirige vers Toulouse. Vient alors la bataille de Muret, où le roi d’Aragon Pierre II, venu défendre Toulouse, est tué (1213). En 1215, le concile du Latran destitue le comte Raimond VI, et donne ses titres ainsi que ses domaines à Simon de Montfort.

Mais, qui étaient ces combattants de la cause cathare ? Certainement pas les cathares eux-mêmes, puisque les parfaits n’avaient absolument pas le droit de tuer, et que les croyants ne pouvaient tuer que pour se défendre… Le terme souvent employé de " chevalier cathare " est donc une hérésie… de vocabulaire ! En effet, les chevaliers faisant face aux croisés étaient le plus souvent des catholiques ; armés par les seigneurs du Languedoc afin de défendre leurs terres, ainsi que leur indépendance.

Dès 1216, débute une guerre pour la libération occitane. Toulouse s’étant soulevée, Simon de Montfort doit reconquérir la ville ; il meurt lors du siège en 1218, son fil Amaury lui succède comme chef des croisés. En 1222, c’est Raimond VII qui succède à son père en tant que comte de Toulouse, et qui continue la lutte. Vaincu en 1224, Amaury de Montfort rentre en France avec son armée…

Mais, en 1226, c’est le roi Louis VIII en personne, qui mène une " seconde croisade contre les albigeois " ; une croisade royale du Nord contre le Sud. Le monde occitan s’effondre alors en quelques mois. Le traité de Meaux, en 1229, apporte à la couronne de France toutes les terres conquises par les croisés.

L’année 1233 marque le début de l’inquisition, confiée à l’Ordre des Frères Prêcheurs. Des émeutes éclatent à Toulouse en 1235, conduisant à l’expulsion des inquisiteurs ; mais, ceux-ci reviennent dès l’année suivante. C’est alors la reprise de la lutte militaire : le château de Peyrepertuse est pris en 1240. Puis vient l’épisode mythique de Montségur, forteresse qui était devenue le camp retranché de l'Eglise cathare pourchassée. Après 11 mois de siège, la résistance occitane est finalement battue, et doit négocier une reddition. Le 16 mars 1244, 210 fidèles cathares se jettent eux-mêmes dans le bûcher qui leur était destiné ; cette date marque le démantèlement quasi-définitif de l’Eglise cathare. Enfin, la guerre se conclut par la chute du dernier bastion occitan de Quéribus en 1255.

 

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